Pourquoi coupe-t-on des arbres ?

Il y a régulièrement de la résistance contre la coupe d’arbres et la gestion forestière. Les gens se posent souvent la question pourquoi certains arbres qui poussent en forêt depuis 50 à 100 ans sont soudainement coupés. Ne serait-il pas mieux de ne pas gérer nos forêts et de les laisser en paix ?

La réponse à cette question peut être très complexe. Dans nos contrées, les forêts sont gérées dans le cadre d’une gestion forestière durable. Cette gestion durable vise à maximiser les services écosystémiques que la forêt fournit à la société. Parallèlement, la forêt est conservée et rendue la plus résiliente possible pour que les futures générations puissent continuer à en profiter. La coupe d’arbres dans le cadre de la gestion forestière durable et de la production de bois n’équivaut donc pas à de la déforestation ! Il est question de déforestation lorsqu’une forêt est coupée et n’est pas replantée ou régénérée par la suite. C’est par exemple le cas lorsqu’une forêt est coupée pour en faire des landes ou des terres agricoles. Pour de amples informations, vous pouvez consulter sur notre site les pages dédiées à la gestion forestière durable et aux services écosystémiques de la forêt.

L’un des grands avantages résultant de la coupe d’arbres est la production du bois. Les billes coupées peuvent être utilisées de multiples façons dans la bioéconomie. Que ce soit du bois de sciage de qualité mais également du bois d’industrie et d’emballage, en passant par l’utilisation des copeaux de bois pour la production de panneaux, sans oublier le bois de chauffage et les pellets comme source d’énergie neutre en carbone Un autre avantage souvent oublié de la récolte de bois est que le propriétaire forestier a un retour financier sur ses investissements réalisés. Ces fonds peuvent alors être utilisés pour la plantation d’arbres ou la réalisation d’autres travaux forestiers bénéfiques pour la faune et la flore des forêts. Si nos forêts sont gérées de façon durable, elles peuvent également être considérées comme source de matériaux de construction performants et renouvelables pouvant remplacer d’autres matériaux extrêmement énergivores à produire (béton, acier, plastique, …).

De plus, uniquement un certain pourcentage de l’accroissement annuel est prélevé dans nos forêts, ce qui veut dire que l’on maintient ce capital forestier malgré la récolte de bois. La filière bois ne prélève annuellement qu’une partie de ce que la forêt produit. Aussi, pour obtenir des billes de bois de qualité pouvant être sciées et utilisées comme bois de construction ou de menuiserie de haute valeur, il est nécessaire d’investir dès le départ dans les travaux de gestion forestière (plantations, éclaircies, etc.). En effet, nous pouvons actuellement  récolter des billes de qualité dans nos forêts grâce au travail minutieux de nos  ancêtres. Si nous ne le faisons plus aujourd’hui, nos (petits-)enfants ne pourront plus récolter du bois local de qualité.

De nos jours, de plus en plus de forêts sont également gérées en prenant en compte la réalité des changements climatiques. Certaines essences qui sont coupées peuvent alors être remplacées par des essences plus résilientes qui participeront à l’adaptation des forêts à ces changements (attaques d’insectes et de champignons, mais également sécheresses successives, tempêtes, etc). La Forêt de Soignes, la plus grande forêt continue de Belgique, est un bon exemple d’une forêt dans laquelle ce genre de gestion est appliquée et est indispensable. Actuellement, l’essence largement majoritaire est le hêtre. C’est une essence qui est enracinée en surface et qui est extrêmement sensible au stress hydrique et au chablis. On estime que nos forêts seront dans l’avenir de plus en plus confrontées à des périodes de sécheresse et d’autres phénomènes atmosphériques extrêmes. Dans cette forêt, une partie des hêtres est dès lors remplacée par d’autres essences plus résistantes à ces évènements climatiques. Cette gestion forestière permettra de répondre durablement aux futurs défis et de préparer la forêt de demain.

Aussi, l’augmentation et le maintien de la biodiversité est parfois une raison pour laquelle des arbres sont localement prélevés. Lors de l’abattage de grands arbres individuels, cela crée des ouvertures dans la forêt et permet un apport de lumière dans des zones auparavant fermées. Ce phénomène est semblable à la chute d’un arbre dépérissant à cause d’une tempête ou de vieillesse. Grâce à la lumière abondante, d’autres espèces végétales et animales non présentes aux endroits précédemment ombragés pourront s’y établir, ce qui augmentera la biodiversité totale. La forêt devient ainsi un écosystème dynamique dans lequel de nombreuses plantes et animaux pourront trouver leur habitat. Du bois de qualité est de ce fait également disponible, ce qui génèrera une situation gagnant-gagnant.

La gestion forestière peut constituer une question complexe. Lorsqu’un plan de gestion ou d’aménagement forestier est rédigé pour un certain territoire, ceci se fait toujours en fonction d’un contexte spécifique, d’objectifs particuliers et grâce à des connaissances et compétences essentielles à la réalisation de ce type d’outil. Il faut tenir compte de nombreux facteurs tels que le sol, la végétation et la faune existantes, la robustesse vis-à-vis du changement climatique, les souhaits du propriétaire et des usagers, etc.  Heureusement, nous disposons en Belgique de centres d’expertise et d’universités qui forment et outillent des experts et gestionnaires forestiers pour faire en sorte que nos forêts soient gérées durablement et qu’elles soient en même temps utiles pour notre société.